02 Avr la culture de la tomate
La tomate est le légume-fruit roi de l’été. Elle se consomme cru, cuite, peut être séchée, mise en bocaux, transformée en coulis.
Quand planter?
De par ses origines elle aime bien la chaleur. Aussi, il vaut mieux la planter lorsque les températures minimales sont de 12°C en moyenne, ce qui nous amène au mois de mai. Toutefois, dès la mi-avril et pour peu que leur jardin soit abrité du vent, nombreux sont les jardiniers qui plantent leurs plants de tomates. Chacun y va de son astuce pour protéger les jeunes plants, de la tuile inclinée face au vent, du seau métallique à fond percé, du sac en plastique maintenu par des petits tuteurs, ou encore la bouteille d’eau en plastique de 5 litres. Tout ce qui fait protection est bienvenu. Par contre, plusieurs de nos clients viennent chercher leurs plants juste avant le 8 mai pour les planter ce jour là et constatent par la suite qu’ils récoltent en même temps que leurs voisins plus pressés. En plus de l’abri, la nature du sol influe sur la culture: Un sol léger (plutôt sableux) se réchauffera mieux, tandis qu’un sol lourd (argileux) conviendra mieux aux plantations de saison ou tardives car il retiendra plus de fraîcheur. Les anciens plantaient lorsqu’ils ne voyaient plus, par temps clair, la neige sur la chaîne des Pyrénées. Les gelées n’étaient plus à craindre.
Il est possible de planter jusqu’à début juillet. Pour notre part, nous conseillons de planter en 2 fois avec au moins un mois d’intervalle entre chaque plantation.
En plantation précoce, il faut utiliser des variétés hâtives, qui sont plutôt petites à moyennes. Les variétés à gros fruits anciennes (cœur de bœuf, beefsteack…) sont déconseillées. En effet, sur ces variétés les premiers bouquets de fleurs ont tendance à couler ( = tomber), c’est pour cela d’ailleurs qu’une fois la plante bien développée, elle pourra produire de très gros fruits. Cette tendance à la coulure est amplifiée par les basses températures de début de saison. Personnellement, nous plantons tôt quelques tomates « cocktail »: elles sont très précoces sucrées à picorer, et extra en salades coupées en 2.
Nous prévoyons la production de la totalité de nos variétés du 15 avril au 20 mai. Au delà nous vous proposerons un assortiment plus réduit mais avec toutes les catégories de variétés (cerises, rondes lisses, grosses, très grosses, type Marmande, coeur de boeuf…)
Le sol
En théorie, il faudrait planter les tomates précoces en terres légères (sableuses) qui se réchauffent vite, les plantations plus tardives en terres lourdes (argileuses) qui ont une bonne capacité de retention d’eau. Dans un jardin, il faut composer avec la terre que l’on dispose, l’améliorer et plutôt trouver la meilleure exposition.
Un sol riche en humus permettra son réchauffement et son ressuyage rapide (= capacité du sol à absorber l’eau en profondeur ), et augmentera également son pouvoir de rétention, d’où l’intérêt de l’humus.
La tomate est gourmande, et faisant partie de la famille des solanacées comme la pomme de terre et l’aubergine, on évitera de faire se succéder ces 3 cultures. Les apports de fumier frais se font en novembre, le fumier décomposé en mars. Les fumiers en bouchons ou en poudre peuvent être apportés au dernier moment. Surtout ne jamais localiser de fumier ou engrais organique (ou chimique !!!) sous le futur plant. L ‘étaler sur une largeur de 50 cm par rapport au futur rang. La plante saura le trouver. Le mieux est lorsque votre sol est bien travaillé, de répandre votre fumure, puis de griffer le sol pour l’incorporer dans les premiers centimètres du sol. C’est valable pour tous les produits sauf les terreaux ordinaires, terreaux plantation ou les composts maison bien mûrs qui peuvent être épandus dans le sillon de plantation. Dans tous les cas bien lire la notice de vos terreaux.
Si nécessaire, un engrais naturel que nous pouvons vous conseiller, surtout pour les légumes fruits : le patentkali® à faible dose, une cuillère à café bien pleine par plant, apportera potasse qui augmentera la teneur en sucre et le goût, magnésie et soufre. A apporter autour du plant et à incorporer par griffage ou arrosage ( rappel: jamais sous le plant). A utiliser en complément des fumiers et composts. Si vos plants végètent, un petit apport de sang séché donnera un coup de fouet.
La profondeur de plantation:
En début de saison, il faut planter en surface. La terre se réchauffe d’abord en surface. En sol sous couvert (paille, BRF…) il est recommandé d’écarter le paillage plusieurs jours avant et encore mieux de recouvrir le futur espace de plantation avec du plastique transparent. Un sol trop froid bloque la plante et annule l’intérêt de planter tôt. Il faut voir le haut de la motte afin que les racines soient plus au chaud, donc plus actives. Plus tard, il sera possible de chausser le plant.
Plus on plante tard, plus on peut enfoncer la motte pour profiter de la fraicheur du sol (humidité), jusqu’au 3/4 de la plante.
Nous recommandons de bien arroser le trou ou le sillon de plantation pour que l’humidité soit sous la plante, plutôt que d’arroser une fois la motte plantée.
L'arrosage:
Quand doit-on arroser un plant de tomates et en général un plant de légume?
Juste avant qu’il ait soif. Cette réponse ne vous satisfait certainement pas, pourtant c’est la logique.
Pour un plant de tomates, il faut bien arroser au moment de la plantation, dans le sillon ou le trou avant de planter e, arrosant lentement et en y repassant si l’eau s’infiltre trop vite. Enfoncez aussitôt (plus ou moins) votre motte dans cette boue puis recouvrez de terre sèche. Cette terre va éviter les remontées capillaires dues au vent et au soleil et donc maintenir une bonne humidité au niveau des racines.
L’humidité ayant tendance à descendre dans le sol, les racines vont la suivre et bien s’implanter en profondeur. La plante résistera mieux à la chaleur en été. Après plantation ne plus arroser jusqu’à ce que les premiers fruits aient la taille d’une noix. Pour les plants greffés il faut veiller à ne pas enterrer le point de greffe qui est situé à 1 cm du haut de la motte, et après l’arrosage à la plantation éviter de trop arroser pour calmer la vigueur du plant qui pourrait partir tout en végétation.
Bien sur, il faut surveiller ses plants et intervenir si nécessaire en arrosant modérément, plutôt à l’arrosoir qu’à inonder le ruisseau. mais généralement, surtout pour les plantations d’avril, des pluies surviennent de temps à autres. Dès que les fruits du 2° bouquet sont formés et en fonction du temps, il faut arroser régulièrement. Nous ne pouvons pas donner de rythme, qui varie selon le sol, la température, le vent, mais on peut estimer qu’un plant de tomates a besoin d’environ 20 litres d’eau par semaine quand il est en plein développement et avec un sol paillé. Exceptionnellement on peut être amené à apporter jusqu’à 30 litres en cas de forte charge, canicule ou vent desséchant. Le meilleur arrosage est incontestablement le goutte à goutte: il est précis, facile à utiliser et économique en eau. Il est recommandé de l’utiliser avec un paillage. Pour les tomates, inutile de positionner le goutte à goutte au pied de la plante: dans ce type d’arrosage, il faut d’abord créer un bulbe d’humidité en laissant branché le goutte à goutte pendant 4 à 6 heures selon le débit des goutteurs (en général 2 L par heure). Ce bulbe sera par la suite entretenu en humidité en arrosant 4 fois par semaine afin que chaque plant reçoive sa dose d’eau. Les racines iront rapidement s’alimenter dans ce bulbe. Il vaut mieux arroser le matin et mieux encore avec de l’eau tempérée, contrairement à ce que l’on entend souvent: « arroser le soir permet aux plantes de profiter de cette fraîcheur toute la nuit ». En effet, le soir la terre est chaude, la plante a soif et le contre-coup accentue le risque de cul-noir ou d’éclatement des fruits. Le tuyau de goutte à goutte peut être installé sous ou sur le paillage ou couverture végétale. Dans ce cas, l’humidité créée autour du paillage peut freiner la venue des acariens.
La couverture du sol est aussi applicable à l’arrosage à ruisseau. Pour notre part, nous installons le paillage lorsque les plants ont bien démarré. Nous chaussons ( ou buttons) les plants et décroutons la terre en éliminant les jeunes pousses d’herbe dans le creux du ruisseau. Une fois les herbes sèches on peut procéder au paillage. Avec la paille ou le foin nous laissons des épaisseurs d’environ 5 cm sans décompacter en en disposant les paquets côte à côte. L’eau d’arrosage se faufilera dessous. Il faudra seulement arroser plus lentement.
Il ne faut pas trop se fier aux feuilles pendantes l’après-midi ou le soir: c’est un réflexe des plantes par grosse chaleur pour diminuer la surface de feuillage exposée au soleil, donc de limiter l’évaporation.
L'écartement, le tuteurage, la taille.
Traditionnellement dans la région, les plants de tomates sont plantés en rangs doubles, l’arrosage au ruisseau passant au milieu des rangs, tuteurés sur des cannes de Provence appelés ici roseaux, regroupés en faisceaux de 4 ou parfois de 2, ces faisceaux (ressemblants à des tentes d’Indiens) étants renforcés par des roseaux horizontaux les reliant entre-eux au niveau de leur croisement
Ci dessus, le schéma d'une culture de pieds de tomates traditionnelle. Les tuteurs sont à l'extérieur des plants pour renforcer l'assise.
L’écartement sur le rang est de 50 cm, il peut être réduit à 40 cm, et entre rangs de 60 (ou 50 cm). Pour les allées on laissera environ 80 cm pour être à l’aise pour circuler.
Pour les plants greffés qu’il faut conduire sur 2 bras, prévoir 2 « roseaux » ou tuteurs par plant et augmenter l’espacement à 80 cm sur le rang ou alors installer son plant dans une cage à tomates que l’on peut faire avec du treillis soudé de 3 mm que l’on roule pour faire un tube de 60 à 65 cm avec des mailles de 20 cm pour pouvoir facilement passer les mains et de 1,80 à 2 m de haut. Il faudra fixer cette cage avec 1 ou 2 bons tuteurs en bois ou piquets en fer. Le jeune plant est tuteuré à la plantation avec un roseau de 1 m de haut. Attaché en début de croissance sur ce roseau, la végétation va se caler à l’intérieur de la cage et la garnir sans autre intervention.
Ceci est aussi valable pour les tomates non greffées et les tomates cerises.
La taille: il y a quelques années nous vous aurions dit de supprimer toutes les pousses (appelées à tort gourmands) qui naissent à l’aisselle des feuilles. Aujourd’hui nous sommes plus nuancés: Cette taille vise avant tout à avoir son pied de tomates bien ficelé sur son tuteur, propre et net et il était dit que les gourmands prenaient de la vigueur à la plante. Or, un gourmand est un rameau stérile qui prend effectivement beaucoup d’énergie à un arbre par exemple. Les pousses des plants de tomates produisent des fruits. Les supprimer réduit la production, alors que dans nos périodes de grosses chaleurs, un plant touffu évite les coups de soleil sur fruits, et une bonne photosynthèse, donc plus de fruits. Ceci est très visible sur les variétés à très gros fruits. Pour notre part, nous cultivons traditionnellement et enlevons les premières pousses, du moins au début, puis dépassés par la végétation, nous laissons tout pousser, nous contentant d’enlacer avec de la ficelle les nombreuses tiges. Et le résultat y est. Ce procédé réduit légèrement le calibre des fruits.
Par contre il est une taille peu pratiquée qui est intéressante: l’éclaircissage des bouquets. Souvent les bouquets ont des fruits de la taille d’une belle noix, d’autres de la taille d’une bille, ou plus petits, et on trouve encore des fleurs sur l’extrémité. Ne conserver que les 5 ou 6 premiers fruits fera sensiblement augmenter leur taille.
Quelle que soit la taille, vieilles feuilles, gourmands ou bouquets, opérez par temps sain, vent du nord, et pas humide, car chaque taille constitue une plaie, porte d’entrée aux maladies. Les feuilles basses, décolorées ou enroulées vers le haut doivent être enlevées, mas plus haut que le bouquet le plus bas.
Désinfectez régulièrement vos sécateurs avec de l’alcool à bruler.
Les traitements
En élevage de plant, nous évitons de traiter avec des fongicides, en utilisant de préférence des produits qui renforcent les plantes, contenant souvent de la silice et des extraits végétaux. La bouillie bordelaise est utilisée en période climatique critique ( longue période de pluie et forte hygrométrie).
Dans votre jardin, nous vous conseillons de limiter l’usage de la bouillie bordelaise. En effet si elle prévient les mildious et bactérioses, elle stresse et bloque la plante, la rendant paradoxalement plus faible par rapport à d’autres maladies et parasites en cas d’abus. D’autant que le cuivre qu’elle contient, métal lourd, s’accumule dans le sol et est nuisible pour les vers de terre et la vie microbienne. Un traitement à 20 g (au maximum) par litre d’eau dans la semaine suivant la plantation est recommandé, puis 15 à 20 jours plus tard. Entre les 2, il est bon d’appliquer du soufre en léger poudrage, qui prévient l’oïdium et « chauffe », stimule les plants en culture précoce.
En alternative à ces 2 produits nous pouvons vous conseiller le purin de prêle mais aussi la poudre fine de lave basaltique qui a de nombreuses propriétés, insectifuge et insecticide, anti-maladies, ou la terre de Diatomée, insectifuge et insecticide. Les 3 sont riches en silice qui renforce les plantes.
La poudre basaltique fine peut être apportée en poudrage (100 g/m²) ou diluée dans l’eau en pulvérisation. En granulométrie plus grossière, on peut l’incorporer au sol qu’elle va alléger et enrichir en éléments nutritifs, ou en surface pour faire une barrière anti-escargots.
En cours de culture, avant une période de pluie et d’humidité annoncée on peut anticiper en traitant. Pour les produits comme la bouillie bordelaise nous ajoutons 1 goutte (juste 1 quelle que soit le volume d’eau)de liquide vaisselle ou « mir liquide » dans l’eau avant de diluer le produit. Cela va renforcer le pouvoir surfaçant et l’accrochage. Pour les jardiniers qui utilisent très régulièrement la bouillie bordelaise nous pouvons conseiller de traiter seulement à 1/2 dose soit 10 g/litre. A partir de septembre, l’humidité matinale et plus de fraîcheur nocturne accentuent la pression des maladies, aussi restez très vigilant.
Récolte et conservation
La récolte des tomates s’effectue de préférence le matin. Il n’est pas obligatoire de récolter à complète maturité, les tomates continueront de murir à la maison. Même s’il est bon de cueillir et manger sa tomate sitôt cueillie, la conserver quelques jours à la maison va la bonifier. Normalement une tomate mure est un peu molle, moins pour les variétés récentes qui sont plus fermes.
Ne pas les mettre au réfrigérateur, ce qui va casser le gout. Pour notre part, nous préparons notre salade de tomates le matin pour consommer à midi en les coupant avec de l’oignon doux dans un saladier, juste salé et mis au frais. Au moment du repas, nous jetons une partie de l’eau rejetée et faisons notre assaisonnement.
Bon appétit!
Les petits soucis.
Les feuilles du bas qui s’enroulent: Ce n’est rien de grave, seulement une réaction à l’azote que consomme la plante. Certaines années il y en aura beaucoup, d’autres pas du tout. Les enlever proprement, car étant recroquevillées et en partie basse, elles ne fonctionnent plus, et étant les plus vieilles, sont plus sensibles aux maladies.
Le cul noir: ce n’est pas une maladie. Explications: lorsque le plant de tomates a un déficit d’eau entre ce qu’il a besoin pour fonctionner, ce qu’il évapore, et ce qu’il peut puiser, il récupère l’eau et les sels minéraux sur ses fruits. De là apparait cette tâche noire sous le fruit. Pour éviter ce phénomène, il faut mettre en pratique ce dont nous vous parlé précédemment, apporter de l’humus dans le sol, favoriser l’enracinement en arrosant copieusement à la plantation puis en laissant souffrir le plant, pailler, arroser à rythme régulier le matin, laisser la plante buissonnante. Malgré tout cela, et même en sol trop arrosé ce problème peut survenir, sur certaines variétés ayant des racines superficielles, ou en cas de grosse chaleur combinée à des vents secs desséchants. Les variétés à fruits allongés comme type Roma ou olivette, cornue des Andes sont les plus sensibles. Pour éventuellement atténuer le cul noir, un arrosage avec dans un arrosoir 1 litre de lait mélangé à 10 litres d’eau est à essayer. Arroser au pied 1/3 à 1/2 litre par plant. Pas de miracle à attendre toutefois.
Les noctuelles: grosses chenilles que l’on trouve à l’intérieur du fruit. Un papillon de nuit qui pond des oeufs sur le plant. Une fois nées, les jeunes chenilles mangent le feuillage (peu visible) puis se dirigent vers les fruits qu’elles perforent généralement près du pédoncule. Elles y grossissent très rapidement. En traitant régulièrement avec la terre de Diatomée ou poudre de basalte vous devez les éviter. Mais en cas d’attaque, dès les premiers signes traiter en pulvérisation à fort mouillage avec un produit bio à base de Bacillus Thurigiensis, vendu sous appelation de anti-noctuelle ou anti-chenille Bio. Cela ne tuera pas les chenilles installées dans la tomate car le Bacillus agit par ingestion, seulement celles en train de se déplacer. Il peut y avoir 2 à 3 générations dans l’été, avec une accalmie entre les générations. Le Bacillus est également efficace pour la dernière venue Tuta Absoluta, un minuscule papillon dont les larves pénètrent généralement sur le côté du fruit. Lorsque l’on attrape une tomate, du jus peut gicler de par le trou d’entrée. La tomate pourrit rapidement.
Les punaises: Elles arrivent lors des grosses chaleurs après avoir hiverné dans les sols. Les larves apparaissent soudainement principalement sur les fruits qu’elles piquent avec leur rostre pour en boire le jus. La tomate se tâche de blanc et l’intérieur devient ligneux. Même si le fruit n’est pas impropre à la consommation, ce n’est pas agréable à mastiquer. Pour les éliminer, à part de les attraper, mais elles se laissent tomber, poudrez avec poudre fine de basalte ou terre de Diatomée. A renouveler si nécessaire.
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